La troupe de Montauban aime les aviateurs. Après Antoine de Saint Exupery, la troupe de Montauban exprime un attachement vers une haute figure montalbanaise : Léon Bourjade. Léon Bourjade, aviateur, missionnaire, incarnant merveilleusement notre idéal, est depuis 2003 le "parrain" des scouts de Montauban.
Un monument et une place sont dédiés à ce héros, dans Montauban, à proximité du Pont-Vieux.
Léon Jean Pierre Bourjade est né le 20 mai 1889 à Montauban dans une famille de six enfants, au n° 20 de la Rue de la Comédie. Il étudia d'abord à Saint-Théodard, puis au noviciat du Sacré-Cour à Issoudun : il devient séminariste en 1910 et poursuit sa formation en Espagne, puis en Suisse. La guerre l'arrête, âgé de vingt-cinq ans, au cours de ses études. Il prend son service comme brigadier artilleur, affecté au 23ème Régiment d'Artillerie durant la sanglante bataille de la Marne (oct.1914). Rapidement, il est cité une première fois à l'Ordre de l'Armée :
Bourjade, Jean Pierre Léon, maréchal des logis, chef de section aux tranchées de première ligne, depuis février 1915, a constamment donné le plus bel exemple de courage, d'énergie et de sang-froid. S'est distingué en mai, juin, juillet 1915. Chargé d'un poste dangereux du 21 au 26 septembre, a rempli concrètement la mission qui lui était confiée, bien que ses pièces aient été à plusieurs reprises enterrées par l'ennemi, et ses servants, sauf deux, tués ou blessés.
Fasciné par l'aviation, il demande à intégrer cette arme nouvelle en 1915 et commence une formation de pilote à Pau, régulièrement rappelé sur le front. Le 17 juin 1917, l'État-major l'admet comme chasseur, et il reçoit son Brevet de Pilote Militaire. Une carrière foudroyante commence. Léon Bourjade se spécialise dans l'attaque des Drachen, les ballons d'observation prussiens, équipés d'une vingtaine de mitrailleuses automatiques, dans la 152ème Escadrille de Bombardiers, dite des « Crocodiles ».
Du 27 mars au 29 octobre 1918, notre parrain descendra vingt-sept ballons et abattra un chasseur "aircraft", ce qui fait un total de vingt-huit victoires : il entre dans l'histoire de l'aviation française, figurant parmi les dix « as » français de 14-18, aux côtés de Roland Garros, Georges Guynemer, Adolphe Pégoud, Charles Nungesser, Georges Madon, Maurice Boyau, René Fonck, Armand Poinsard et Michel Coiffard. Le 5 juin 1918, le Lieutenant Bourjade est fait Chevalier de l'Ordre de la Légion d'Honneur avec la citation suivante :
Officier pilote d'une bravoure et d'une audace hors du commun. Après une brillante conduite dans l'artillerie, a démontré les plus hautes qualités de courage en attaquant de nombreux ballons et en a abattu quatre. Quatre citations.
Le 15 juillet, en moins de dix minutes, il descend trois ballons. Il est blessé le 19 juillet. Lorsque la guerre prend fin, sa Croix de Guerre est chargée de vingt-sept palmes et d'une étoile de vermeil. Le jour de l'armistice, il plaisante : « Alors, cette folie d'attaquer un ballon défendu par vingt mitrailleuses, je n'aurai plus à la faire ? » Il part immédiatement pour Lisieux déposer ses médailles aux pieds de sa protectrice mystique, Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus de la Sainte-Face. Alors qu'une brillante carrière d'officier s'ouvre à ce héros dans l'Armée de l'Air, il reprend humblement le chemin de la Prêtrise et retrouve joyeusement le séminaire. L'armée vient le retrouver le 4 juin 1919, pour épingler à sa soutane la médaille d'Officier de la Légion d'Honneur :
Officier de la plus haute valeur, pilote de chasse d'une héroïque bravoure, spécialiste dans l'attaque des ballons d'observation, a rendu d'éclatants services, tant par le nombre de ses victoires que par l'exemple magnifique donné personnellement. Quatorze citations. Une blessure.
Léon Bourjade reçoit le sacrement de l'ordre le 26 juillet 1921. Le 2 septembre suivant, il s'embarque pour l'Océanie, la Papouasie et enfin la Nouvelle-Guinée où il sert avec les Pères Missionnaires du Sacré-Cour. Vêtu de sa soutane, il montre autant d'abnégation et d'énergie que sous les drapeaux. Son seul regret est l'absence de son cher avion : ces ailes lui auraient permis de visiter les paroisses les plus reculées de la région. La fièvre des marais terrasse ce saint héroïque, modèle de courage et de dévouement, incarnant hautement notre idéal, le 22 août 1924, âgé de 35 ans.
A la dernière page de son carnet, on pouvait lire: "Qui dit amour, dit sacrifice".

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